Au moins neuf personnes ont été tuées dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 août 2025 lors d’une attaque attribuée aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Des dizaines de maisons et plusieurs motos ont également été incendiées.
Une attaque en plein cœur de la commune
Les assaillants ont fait irruption dans le quartier Mbimbi, cellule Majengo, peu avant minuit. Armés et organisés, ils ont incendié 26 habitations, dont 7 commerces, et réduit en cendres 9 motos, semant la panique dans toute la commune. Plusieurs habitants sont toujours portés disparus.
« La situation est dramatique, la population est en état de choc », confie un notable local. « C’est une attaque de plus qui endeuille Oicha et qui laisse derrière elle des familles détruites. »
Des autorités sous pression
Le bourgmestre adjoint de la commune, Jean de Dieu Kambale Kibwana, a exprimé sa profonde consternation. Il a lancé un appel au calme et assuré que les forces armées congolaises (FARDC), appuyées par leurs alliés ougandais de l’UPDF, poursuivaient les assaillants.
« Le bilan reste provisoire. Les opérations de ratissage se poursuivent et nous appelons la population à collaborer avec les forces de sécurité », a-t-il déclaré à la presse.
Une spirale de violences récurrentes
Les ADF, un mouvement d’origine ougandaise actif dans l’Est de la RDC depuis près de trois décennies, sont responsables de massacres réguliers de civils. Affiliés à l’organisation État islamique depuis 2019, ils multiplient les attaques contre les villages isolés et les centres semi-urbains comme Oicha.
Malgré la présence de la force conjointe FARDC-UPDF, des contingents de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la MONUSCO, les incursions meurtrières se poursuivent, mettant en lumière les limites des dispositifs sécuritaires mis en place.
Un impact humanitaire alarmant
Au-delà du bilan humain immédiat, les attaques répétées aggravent la crise humanitaire dans la région. Des familles entières ont perdu leurs maisons et leurs biens, se retrouvant sans abri et dans l’incertitude pour se nourrir. Selon les ONG locales, plusieurs dizaines de familles pourraient être contraintes de fuir leurs quartiers, rejoignant les camps de déplacés déjà surpeuplés dans le territoire de Beni.
« Chaque attaque entraîne de nouveaux déplacements, de nouvelles familles vulnérables, et exacerbe la pauvreté et l’insécurité alimentaire », explique un responsable d’une ONG humanitaire à Beni. Les habitants réclament une protection plus efficace et une assistance humanitaire immédiate pour les survivants.
Une population à bout
À Oicha comme ailleurs dans le territoire de Beni, la population vit dans la peur permanente d’une nouvelle incursion. Les organisations de la société civile dénoncent l’incapacité des autorités à protéger efficacement les civils et demandent un renforcement de la stratégie militaire, mais aussi des réponses humanitaires adaptées.
Vagheni Vinywasiki, depuis Beni
