Le 9 juillet 2025, la République Démocratique du Congo a signé un accord sans précédent avec le FC Barcelone, l’un des clubs les plus influents au monde. À travers ce partenariat estimé à 10 millions d’euros par an, la RDC souhaite s’offrir une place sur la scène internationale, non plus par ses ressources naturelles ou ses conflits, mais par le soft power sportif. Slogan à la clé : « RDC, cœur de l’Afrique », apposé sur la manche du mythique maillot catalan. Une idée brillante ou un luxe déplacé ?
Une stratégie de visibilité à la hauteur des ambitions
Dans un monde dominé par l’image et la communication globale, difficile de nier l’impact d’un partenariat avec un géant comme le Barça. Ce club, qui rayonne dans plus de 190 pays, représente un levier exceptionnel de visibilité. Apposer le nom de la RDC à ce symbole mondial du football peut transformer l’image d’un pays souvent résumé à ses drames.
À l’instar du Rwanda avec Arsenal ou du Qatar avec le PSG, Kinshasa semble vouloir jouer dans la cour des grandes nations qui investissent dans leur branding international. L’accord comprend également un volet sportif local : la création d’une académie Barça-RDC, censée former les jeunes talents congolais aux standards européens.
Des ambitions nobles, des questions qui dérangent
Mais derrière cette initiative se cache un malaise palpable. Peut-on justifier une dépense annuelle de 10 millions d’euros quand la majorité de la population vit dans la pauvreté, que l’Est du pays est en guerre et que l’accès à l’eau, à la santé ou à l’éducation reste un luxe pour des millions de citoyens ?
L’absence de transparence sur les détails du contrat et l’impact réel de l’accord alimente la méfiance. Le peuple congolais a vu trop de promesses sans lendemain. Sans mécanisme clair de suivi, ce partenariat pourrait rejoindre la longue liste des projets qui brillent à l’extérieur, mais qui n’éclairent pas l’intérieur.
Un pari à encadrer, pas à célébrer à l’aveugle
Il ne s’agit pas de rejeter en bloc l’accord avec Barcelone. Il est légitime qu’un État veuille changer son image, séduire les investisseurs, inspirer sa jeunesse. Mais cela ne peut se faire sans prioriser les urgences internes ni associer les citoyens au processus.
Pour que ce partenariat devienne un modèle et non un scandale à venir, il est impératif que les autorités :
- instaurent une gouvernance transparente autour du projet,
- associent le secteur privé pour partager la charge financière,
- et veillent à ce que l’académie promise ne reste pas un simple panneau publicitaire.
En conclusion : la RDC joue en Ligue des Champions… de la communication
En signant avec le FC Barcelone, la RDC fait un choix audacieux : celui de parler au monde autrement, non plus en victime, mais en acteur fier de son avenir. Ce choix mérite d’être salué, mais aussi scruté avec exigence. Car si le football peut faire rêver, le peuple congolais attend surtout des résultats concrets, sur le terrain et dans la vraie vie.
Ismaël Masiya Akilimali
