La décision du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) de suspendre Parole Kamizelo alias « Maîtrisable » pour une durée de 90 jours sur l’ensemble des médias congolais étonne autant qu’elle inquiète.
En effet, la notification officielle du CSAC, datée du 3 septembre 2025, se réfère à l’article 46 de la loi organique n°11/001 du 10 janvier 2011. Mais elle ne mentionne ni le fait reproché, ni l’émission en cause, ni la règle déontologique qui aurait été violée. Autrement dit : une sanction est prononcée sans motivation claire.
Or, la mission du CSAC est bien définie : réguler les médias et encadrer les professionnels de l’information. L’article 46 lui permet d’agir contre les organes de presse et les journalistes en cas de manquements. Mais jamais il n’a conféré à cette institution le pouvoir d’interdire à un citoyen ordinaire l’accès à l’espace médiatique. En sanctionnant un individu qui n’est ni journaliste, ni responsable de média, le CSAC sort de son champ légal et se place sur le terrain glissant de la censure.
Ce précédent est dangereux. Car si un citoyen peut être banni des antennes sans jugement, qui garantit que demain, un opposant politique, un activiste de la société civile ou même un simple critique du pouvoir ne sera pas réduit au silence par une décision similaire ? Dans une démocratie, la liberté d’expression ne peut être limitée que par une décision judiciaire, pas par une autorité administrative qui s’arroge un droit qu’elle n’a pas.
En voulant réguler, le CSAC risque d’étouffer. En prétendant protéger le public, il sape les fondements mêmes du débat démocratique. La transparence et la motivation des décisions sont des obligations, pas des options. Une sanction sans motif est une sanction arbitraire.
La régulation des médias est une nécessité. Mais elle doit rester dans le cadre de la loi. Car là où la régulation s’arrête, commence la censure. Et la censure, elle, n’a jamais servi la démocratie.
Rédaction
