À quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 1er septembre 2025, c’est un air de tension, et non d’espoir, qui souffle sur l’école congolaise. Malgré les efforts de la ministre d’État en charge de l’Éducation nationale, Raïssa Malu, pour renouer le dialogue comme en témoigne la rencontre tenue récemment à Kinshasa avec les syndicats la réalité sur le terrain reste implacable, la colère gronde et les bancs des écoles risquent de rester vides.
Du Nord-Kivu à l’ex-province de l’Équateur, en passant désormais par le Kwilu, les mouvements de grève se multiplient. À Idiofa, les enseignants de l’intersyndicale Kwilu 3 ont tranché : « pas de reprise des cours sans le paiement des trois mois d’arriérés de salaire dus par la banque Afriland. » Ce cri de détresse n’est pas nouveau. Mais cette fois, la patience semble avoir atteint ses limites.
Comment peut-on exiger le rendement, la rigueur et l’engagement d’un corps enseignant qu’on prive de son droit fondamental : être payé pour son travail ? Pendant que les autorités enchaînent les déclarations de bonnes intentions, sur le terrain, les promesses faites lors des assises de Bibwa en 2024 sont restées, pour beaucoup, lettre morte.
L’école congolaise ne vacille plus. Elle est en train de s’effondrer. Et dans ce silence du pouvoir face à des revendications pourtant justifiées, c’est un sentiment d’abandon qui s’installe. Les enseignants, pilier de tout système éducatif, se lèvent non par plaisir, mais par nécessité. Parce qu’on ne peut pas éduquer le futur en vivant dans la précarité du présent.
Il ne reste que peu de temps. Il est encore possible d’éviter une rentrée désastreuse. Mais cela exige des actes immédiats, pas des discours différés. Le paiement des arriérés, le respect des engagements et une réponse concrète à la détresse sociale des enseignants ne sont pas des faveurs, ce sont des devoirs.
Si le gouvernement choisit de rester sourd, il portera la responsabilité d’une génération sacrifiée. Car sans enseignants debout, il n’y aura pas d’élèves assis. Et sans école vivante, il n’y aura pas de nation forte.
Ismaël Masiya Akilimali