Visé par des pétitions pour mauvaise gestion et entrave au contrôle parlementaire, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, joue son avenir politique ce lundi lors d’un vote à bulletin secret. L’issue du scrutin pourrait provoquer un séisme au sein de la majorité présidentielle.
L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’un bras de fer politique aux allures de crise institutionnelle. Vital Kamerhe, président de la chambre basse et figure centrale du paysage politique congolais, fait face à une procédure de destitution lancée par plusieurs députés. À la clé : des accusations de gestion opaque des ressources de l’Assemblée et d’entrave au bon fonctionnement du contrôle parlementaire, deux griefs jugés graves dans une institution censée incarner la transparence démocratique.
Ce lundi 22 septembre, la situation atteint son paroxysme avec un vote à bulletin secret attendu dans l’hémicycle. Le sort de Kamerhe, ainsi que celui de quatre autres membres du bureau, pourrait être tranché d’ici la fin de la journée. Une éventuelle éviction ne serait pas anodine : elle viendrait fragiliser l’équilibre interne de l’Union sacrée, coalition présidentielle dirigée par Félix Tshisekedi, dont Kamerhe est un allié de la première heure.
Un allié devenu encombrant ?
Depuis son retour en force sur la scène politique après sa condamnation puis son acquittement dans l’affaire des « 100 jours », Vital Kamerhe s’est imposé comme un pilier de la majorité. Élu à la tête de l’Assemblée nationale en février 2024, il avait alors bénéficié d’un large soutien au sein de la coalition présidentielle. Mais les tensions internes à l’Union sacrée, conjuguées à des ambitions concurrentes, semblent aujourd’hui peser lourdement sur sa position.
Plusieurs députés accusent Kamerhe d’avoir concentré les pouvoirs décisionnels au sein du bureau, au détriment du débat démocratique et de la transparence dans la gestion des fonds publics. Les pétitions déposées à l’encontre de lui et de ses collaborateurs traduisent un malaise profond au sein de l’institution, voire une tentative de reprise en main politique à quelques mois de la rentrée parlementaire stratégique.
Un vote à hauts risques
Le choix du vote à bulletin secret renforce l’incertitude. Cette procédure permet aux députés de s’exprimer librement, sans pression partisane apparente, mais elle ouvre aussi la porte à des retournements de situation. Le bureau de l’Assemblée a beau avoir multiplié les appels au calme et à la cohésion, la tension est palpable à Kinshasa.
En toile de fond, certains observateurs y voient une lutte d’influence entre différentes familles politiques au sein de la majorité, chacune cherchant à placer ses pions en vue des prochaines échéances. Si Kamerhe venait à être écarté, cela offrirait une opportunité à d’autres figures de l’Union sacrée de briguer la présidence de l’Assemblée – un poste clé dans l’architecture institutionnelle du pays.
Quels impacts pour Tshisekedi ?
Pour le président Félix Tshisekedi, l’enjeu est double. D’un côté, laisser faire le processus pourrait renforcer l’image d’un chef d’État respectueux de la séparation des pouvoirs. De l’autre, la perte de Kamerhe à ce poste stratégique pourrait affaiblir son dispositif politique, notamment à l’approche des futures réformes annoncées.
Dans un pays où les équilibres politiques sont souvent fragiles, cette séquence parlementaire pourrait marquer un tournant dans les relations internes à la majorité présidentielle. Reste à savoir si les députés choisiront la rupture ou la continuité. Réponse attendue dans l’hémicycle, dans les prochaines heures.
Rédaction