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RDC : c’est quoi la Réserve de Faune à Okapis ? (Chronique de John Peter Masiya Akilimali)

Par John Peter Masiya Akilimali

Historique

L’ Okapi, cet animal emblématique a été découvert par un certain Harry Johnston Hamilton en 1901, comme un animal endémique de la République démocratique du Congo. Le tourisme dans la RFO a commencé depuis bien longtemps par des explorateurs venant capturer les okapis dans le but de les expédier tous.

Le tourisme proprement dit a été lancé par Monsieur David en 1954 qui s’installa à Epulu et puis s’est mis à construire l’hôtel touristique. De 1964 à 1967, il y a eu la destruction massive de toutes les infrastructures touristiques de la station par la rébellion de Mulele.

En 1968, la station d’Epulu a été prise en charge par l’Etat Congolais et gérée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) comme toujours étant un zoo. En 1985, la Société Zoologique de New-York (SOZONY) s’installe pour démarrer et mener les activités des recherches scientifiques pour la conservation.

En 1987, l’installation du projet Animals In Motion (AIM) avait pour but de remettre en état les infrastructures touristiques et la capture des okapis. Depuis l’implantation d’AIM à Epulu, le projet est devenu plus tard Gilman International Conservation (GIC) avec pour but de contribuer à la sauvegarde de la faune et flore de la RFO et soutenir l’ICCN à la gestion de la Réserve.

La Réserve de Faune à Okapi a été créée le 02 mai 1992 suivant l’arrêté ministériel n°045/CM/ECN/92 portant la création et la délimitation de la réserve.

Actuellement, la Réserve est cogérée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et la Wildlife Conservation Society (WCS).

Les limites de la RFO

Les limites de la Réserve de Faune à Okapi sont connues :

  • A l’Est : la route qui lie Andundu à Mambasa, depuis le pont de la rivière Nepoko jusqu’au pont de la rivière franchissant la rivière Epulu ; à partir de ce pont et vers l’ouest, la rive gauche de la rivière Epulu jusqu’à son point d’insertion avec la rivière Zouguluka ; la rivière droite reliant cette source à celle de la rivière Sili-Seti. La rive gauche de la Sili-Seti jusqu’à son confluent avec la rivière Belue ; de ce point, la rive de la rivière Belue jusqu’à son confluent avec la rivière Ituri ;
  • Au Sud : la rive gauche de la rivière Ituri à partir de son confluent avec la Belue jusqu’à son second point d’insertion avec la latitude 1°Nord; de ce point, une ligne droite suivant la latitude 1° Nord jusqu’à son intersection à la rivière Indibiri ; la rive droite l’Indibiri à l’Endulu; la rive gauche de l’Endulu jusqu’à son confluent à la rivière Lenda (1° Nord, 28, 08′ E) ;
  • A l’Ouest : la rive gauche de la rivière Lenda depuis son confluent avec l’Epulu jusqu’à son confluent avec la rivière Ituri; de ce point, une ligne droite parallèle à la longitude 28°E jusqu’à l’intersection de cette ligne avec la rivière Angamba; la rive droite de la rivière Angamba jusqu’à sa source (limite reconnue entre les zones de Mambasa et Wamba) ; une ligne droite reliant la source de l’Angamba à celle de la Takona jusqu’à son confluent avec la rivière Nepoko ;
  • Au Nord : la rive droite de la Nepoko depuis son confluent avec La Namba jusqu’au point situé au Sud d’Andudu sur la route Andudu -Mambasa, franchissant la Nepoko[2].

Dynamique des conflits

En 1997, le Comité de l’UNESCO a inscrit la réserve sur la Liste du patrimoine mondial en péril un an après son inscription au patrimoine mondial à la suite des rapports signalant le conflit armé développé dans l’est du pays au début de l’année 1997, conduisant au pillage à l’abattage d’éléphants à l’intérieur dans l’enceinte du site.

La majorité du personnel avait fui la réserve. On avait également signalé l’exploitation minière de l’or.

La RFO est la cible de nombreuses attaques de miliciens actifs dans la région depuis plusieurs années. Le 24 juin 2012, le centre de recherche d’Epulu est la cible d’une attaque menée par des rebelles armés et des braconniers. Six personnes sont tuées, les locaux de la réserve pillés et incendiés et les okapis présents sur le site massacrés.

Dès lors, des conflits changent de forme : tantôt des conflits des limites avec la communauté locale, tantôt des conflits liés à l’exploitation illégale des ressources naturelles.

Tout savoir sur la RFO

La réserve de faune à okapis occupe environ un cinquième de la forêt d’Ituri au nord-est du pays. Le bassin du fleuve Congo, dont la réserve et la forêt font partie, est un des plus grands systèmes de drainage d’Afrique.

La réserve de faune abrite des espèces menacées de primates et d’oiseaux et environ 5000 okapis, sur les 30 000 vivant à l’état sauvage. La réserve possède également des sites panoramiques exceptionnels, dont des chutes sur l’Ituri et l’Epulu. Elle est habitée par des populations nomades traditionnelles de Pygmées Mbuti et de chasseurs Efe.

La Réserve de Faune à Okapis possède une flore d’une exceptionnelle diversité et abrite de nombreuses espèces endémiques et menacées, dont 1/6ème de la population existante d’okapis.

La Réserve protège 1/5ème de la forêt d’Ituri, un refuge pléistocène dominé par une forêt dense sempervirente de « Mbau » et par une forêt humide semi-sempervirente qui s’entremêle avec des forêts marécageuses qui poussent le long des cours d’eau, avec des clairières localement appelées « edos » et des inselbergs.

La Réserve compte 101 espèces de mammifères et 376 espèces d’oiseaux répertoriées. La population de l’espèce endémique Okapi (Okapia johnstoni), une girafe de forêt, est estimée à 5 000 individus.

Parmi les autres mammifères endémiques à la forêt nord-est de la RDC identifiés dans la Réserve, se trouvent également la genette aquatique (Osbornictis piscivora) et la genette géante (Genetta victoriae). La Réserve abrite 17 espèces de primates (dont 13 diurnes et 4 nocturnes), le nombre le plus élevé pour une forêt africaine, dont 7 500 chimpanzés (Pan troglodytes).

La Réserve compte également l’une des populations d’ongulés de forêts les plus variées avec 14 espèces dont 6 espèces de céphalophes. Elle abrite la plus importante population d’éléphants de forêt (Loxodonta africana cyclotis) encore présente à l’est de la RDC, estimée à 7 500 individus, et elle est importante pour la conservation d’autres espèces de forêt comme le bongo (Tragelaphus eurycerus), l’antilope naine (Neotragus batesi), le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus), le buffle de forêt (Syncerus caffer nanus) et l’hylochère (Hylochoerus meinertzhageni).

Elle est également répertoriée comme l’une des aires protégées les plus importantes d’Afrique pour la conservation des oiseaux avec la présence de nombreuses espèces emblématiques comme le paon du Congo (Afropavo congensis), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’est de la RDC.

Intégrité

Les forêts de la Réserve comptent parmi les plus préservées de l’est du Bassin du Congo, et sa superficie est considérée comme suffisante pour maintenir sa faune. La Réserve fait partie d’un plus grand paysage forestier, celui de l’Ituri, qui reste peu touché par l’exploitation forestière et agricole.

Sources : unesco.org , travaux de recherche sur la RFO

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